Shillong, la petite capitale indienne du rock - Active India Holidays
Shillong, la petite capitale indienne du rock

Shillong, la petite capitale indienne du rock

10 juin 2019

Des groupes locaux qui préfèrent les guitares électriques aux percussions traditionnelles et des habitants fous de Bob Dylan, d’Elvis ou de Sorpions… En Inde, Shillong fait figure d’exception musicale. Reportage.

À Shillong, dans les taxis collectifs, les hauts-parleurs ne diffusent pas les voix de rossignols typiques de Bollywood, mais les riffs de guitares accompagnant les textes en anglais des légendes du rock, du King à Janis Joplin, de Bob Dylan à Cliff Richard. Nulle part ailleurs en Inde on ne voue un tel amour au rock, avec une nette préférence toutefois pour les groupes antérieurs aux années 80.

"Aujourd'hui, la musique c'est du fast-food", assène Tipriti, la chanteuse charismatique du groupe Soulmate, le duo qu'elle forme avec son partenaire guitariste Rudy Wallang. À 25 ans, Tipriti chante le blues. Depuis la sortie de leur album judicieusement intitulé "Shillong" il y a trois ans, son visage de princesse asiatique aux pommettes hautes et sa voix de diva noire américaine ont conquis les chaînes musicales indiennes.

"On dit qu'à Shillong, un habitant sur trois est musicien", confie Larsing Ming, propriétaire de l'hôtel "Centre Point". Au "Cloud 9", le bar de l'établissement, il invite occasionnellement des groupes locaux à se produire sur scène. Ce passionné de musique est aussi depuis quelques années l'organisateur d'un grand concert en plein air pour la Saint-Sylvestre. 20 000 personnes ont assisté à l'événement l'année dernière.

Pour la programmation, M. Ming a l'embarras du choix. Ses protégés ? Les filles du girlsband Afflatus qui mélangent allègrement rock, punk et funk, les garçons de Snow White qui chantent en khasi (la langue locale, proche du cambodgien) sur du rock électrique et le groupe Summer Salt qui privilégie une approche plus pop pour un auto-proclamé "rock indigène expérimental". Mais il y a aussi tous ceux qui jouent pour eux-mêmes, dans leur garage et surtout… à l'église.

"Depuis que nous sommes petits, c'est à l'église que nous voyons trôner guitares électriques, batteries et claviers", explique Tipriti de Soulmate. Elle-même a débuté en chantant à la messe et rencontré son comparse Rudy lors de l'enregistrement d'une compilation de gospel. Shillong rassemble en effet toutes les branches du christianisme dans un curieux melting-pot de clochers.

Dès le 19ème siècle, la petite ville a été choisie comme capitale d'été par les Anglais nostalgiques du ciel nuageux de leur terre natale. Ils ont été massivement rejoints par des missionnaires qui ont apporté leur musique avec eux, la sacrée et la profane, que les Shillongais ont continué d'écouter bien après l'indépendance sur la radio Voice of America.

Mais la légende vivante du rock à Shillong, c'est Lou Majaw. Depuis plus de 35 ans, ce guitariste khasi organise chaque année un concert pour l'anniversaire de Bob Dylan. Certaines années, les médias et les sponsors sont au rendez-vous et le vieux rocker aux cheveux longs et short moulant peut s'offrir une vraie salle.

Et lorsque surviennent les périodes de vaches maigres, Lou Majaw paie de sa poche pour que l'événement ait lieu. Une passion dont s'est inspiré le Département du Tourisme de l'Etat du Meghalaya, qui a organisé en 2007 le happening du "plus grand ensemble de guitares" au monde. Record battu : pendant quelques minutes,1730 guitaristes ont joué ensemble le mythique "Knocking on Heaven's Door". La romance entre Shillong et le rock a de beaux jours devant elle.

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